Pour préparer un dossier de réfection du collège d’Orzens nous cherchons des archives:
Si vous en avez dans vos greniers n’hésitez pas à nous les prêter; nous les numériserons et vous les rendrons rapidement. Un grand merci!
Certaines de ces premières archives trouvées sont publiée ci-dessous:


- vous pouvez découvrir plus d’images d’archives d’Orzens comparées aux vues actuelles sur notre blog orzens.info d’un siècle à l’autre – Orzens Culture, côté cour et côté champs



JOURNAL D’YVERDON 1er juin 1934
ORZENS [descriptif du] NOUVEAU COLLÈGE.
— Le vieux bâtiment d’école n’est plus ! Son austérité, sa vétusté ont disparu pour faire place à une modernité des plus élégantes. La vieille salle d’école, que bien des générations ont connue, que bien des maîtres ont arpentée, s’est métamorphosée en une charmante chrysalide et 1 appartement vieillot qui fut habité pendant plus de trente ans par mon collègue Bolomey est bien resté à la même place, mais transformé à tel point qu’il en est méconnaissable ; c’est gentil, gai, avec un cachet familier qui plaira sûrement à ceux qui l’habiteront.
Il y a quelques années déjà que la question d’un nouveau collège préoccupait les autorités. L’antique maison avait fait son temps ; les logements n’étaient plus guère habitables el les bancs de la grande école plus à la mode. Vieille chose désuète, le collège resta ce qu’il était pendant plus d’un siècle, mais ses jours étaient comptés. La retraite de M. Bolomey fut son glas. Les murs extérieurs étant encore solides, le dernier projet, après une étude approfondie, prévit une restauration complète du vieux bâtiment. On se mit sérieusement à l’ouvrage. Il fallut creuser, déblayer, rehausser, mais sous l’active direction de M. Oberhaensli, architecte à Yverdon, les travaux furent menés rapidement, à tel point que les enfants purent faire les examens annuels, en mars dernier, dans un collège complètement changé, sinon extérieurement, du moins intérieurement.
Au sous-sol, trois caves el une chambre à lessive remplacent ce qui s’appelait il y a quelques années le local de pesage du lait, avant que la nouvelle laiterie fût construite. Un sondage ardu provoqua un rabaissement voulu de 45 cm., et qui permit d’élever le rez-de-chaussée.
Spacieux, très bien aménagé, ce dernier comprend une entrée agréable, donnant sur un vestibule avec lavabo et niche, trois W.-C. pour filles et garçons, une salle de couture de 38 m2 avec cinq belles tables et chaises. Comme cette pièce servira aussi pour les séances du Conseil général. Disons franchement que l’assemblée législative d’Orzens sera forcée d’y faire du bon travail : c’est vraiment bien. En fin el c’est le principal, voici les deux classes ; celle de l’instituteur, de 60 m2, est éclairée par cinq fenêtres avec rideaux à projection ; le soir, 6 lampes à globes y projettent une lumière particulièrement douce. Matériel complètement neuf, tableau noir en éternit, parquet en chêne et pupitre cossu donnent à cette salle d’école un aspect sympathique et confortable. Ecoliers et écolières ne doivent y faire que des bonnes notes et le régent que des bons élèves.
La petite classe est à côté et possède aussi cinq fenêtres ; de dimension plus restreinte, elle mesure quand même 35 m2 et a le même confort que sa grande sœur.
Au premier étage sont les appartements du maître et de la maîtresse. Je ne serai pas un indiscret si je vous dis que le corps enseignant est supérieurement logé : vestibules bien dégagés, salles de bain délicieuses, jolies cuisines, chambrettes mignonnes, bref le tout du dernier chic. Je ne suis pas entré, car c’était fermé, mais les renseignements reçus me permettent d’écrire ces quelques lignes en espérant que mes collègues se plairont dans leur nouveau home, tout en appréciant le charme et les avantages d’un logis neuf dont la vue est idéale. N’oublions pas la chambre de la Municipalité, sur le même palier, les autorités ayant songé aussi à être à l’aise.
Chacun connaît les locaux qui se trouvent immédiatement sous les tuiles d’un toit. Inutile donc de vous les décrire pour le nouveau collège d’Orzens : c’est grand et bien compris. Et puis, l’on a bien fait de conserver ce clocher moyenâgeux, car il garde un certain cachet cadrant bien avec la structure du bâtiment. Quant au préau qui se trouve au levant, il est assez vaste et à la longue, le gros gravier disparaîtra pour permettre aux enfants de s’ébattre sans crainte et de s’en donner à cœur joie aux récréations.
L’inauguration aura lieu le 3 juin. Si mon petit doigt ne ment pas, il y aurait une modeste collation à 14 heures pour toute la population avec productions diverses. Les « officiels » seront dignement reçus, le matin déjà, ainsi que les maîtres d’état qui ont collaboré avec succès à cette restauration du collège d’Orzens et dont voici les noms :
Architecte : M. Alfred Oberhaensli, Yverdon ; maçonnerie : M. Armand Péclard. Vuarrens ; charpente : M. Ernest Burkhard. Orzens ; ferblanterie-appareillage : M. Henri Schneider, Bercher ; menuiserie et ameublement : M. Albert Dériaz, Baulmes : mobilier scolaire : M. Emile (Bordel, Rueyres ; serrurerie : M. Albert Borloz, Yverdon ; parquets : M. Marcel Marel, Yverdon, parquets fournis par la maison H. Thorens, Ste-Croix ; gypserie- peinture : entreprise Laurent, Epautheyres; électricité : compagnie des Forces de Joux : rideaux-stores : maison Griesser, Aadorf (Thurgovie).
MAYOR.
JOURNAL D’YVERDON 06 juin 1934
Inauguration du collège d’Orzens
Il y a 100 ans que c’est ainsi, il n’y a donc pas de raison pour que cela change, entend-on dire parfois par nos braves gens de la campagne. D’accord s’il s’agis d’antiquités de valeur. Mais pourquoi faudrait-il retarder le progrès quand il est là, à notre portée et qu’il peut s’accomplir sans danger pour les finances communales ?
C’est ce qu’avaient bien compris les autorités de la commune d Orzens quand elles décidèrent la réfection mieux encore la transformation complète du bâtiment d’école. Oh ! cela n’alla pas tout seul et ceux qui connaissent l’esprit pondéré, réfléchi el un brin critiqueur du Vaudois ne s’étonneront pas que M. le syndic Chevalley ait pu dire dans son discours : « Que d’opinions émises, que d’avis exprimés soit au cours des séances municipales soit dans les assemblées de Conseil général, même (el surtout pourrait-on ajouter) dans les conversations particulières.
Pour les uns il ne fallait que réparer le bâtiment au mieux sans le transformer, ceci pour éviter de grosses dépenses à la commune. Mais où s’arrêter dans les réparations d’un bâtiment dont l’intérieur est dans un état de défectuosité lamentable et dont la distribution des locaux ne donne pas satisfaction. Ce n’était pas résoudre le problème, mais bien plutôt ajouter un surcroît de dépenses à celles, plus élevées qui n’auraient pas manqué, malgré cela de se présenter un peu plus tard. Selon d’autres, nous n’aurions dû faire que les réparations les plus urgentes et envisager la construction d’un collège neuf dans quelques années.
C’est donc après avoir mûrement ré fléchi et discuté que les autorités d’Or zens ont décidé de conserver l’ancien col lège et de le transformer le mieux possible.
Aussi est-ce un bâtiment complètement métamorphosé, bien compris et coquet (ça description a paru dans le Journal du 1er juin) que les autorités présentaient dimanche 3 juin aux représentants du Département de l’instruction publique et aux invités qu’un temps épouvantable n’avait pas empêchés d’assister nombreux à cette inauguration. On remarquait la présence de MM. Buxel, du département ; Laurent, inspecteur scolaire du 5me arrondissement ; Bron, préfet ; Chevalley, député ; Oberhaensli, architecte ; des entrepreneurs (dans la liste desquels on a oublié dans le Journal du 1er juin M. Montandon, appareils de chauffage à Yverdon), du bureau du Conseil général el de la Municipalité « incorpore ».
Sous la conduite de l’architecte tout ce monde visita de fond en combles les nombreuses pièces du bâtiment. On put admirer des classes bien éclairées par de grandes fenêtres, au mobilier complètement neuf, la belle salle de couture, la salle de la Municipalité, les deux appartements mignons et bien compris, un galetas spacieux et enfin des caves et une chambre à lessive qui remplacent avantageusement l’ancien local de pesage du lait, le tout heureusement distribué.
Le meilleur apéritif, un verre de bon vin vaudois, prépara les invités au succulent repas auquel ils étaient conviés chez M. Burla, cafetier-restaurateur. M Gaillard, pasteur, M. Bolomey, ancien instituteur, la Commission scolaire, la Commission des travaux à l’aiguille s’étaient joints aux convives.
A 14 h. environ, la Fanfare d’Orzens conduisait les invités au battoir où devait avoir lieu la partie officielle. Cette dernière était prévue sur l’emplacement admirable qu’est le préau du collège, mais M. Soleil n’accordant son concours que par intermittence, force fut au dernier moment de tout transporter à l’abri. Et c’est là qu’en toute simplicité se passa l’après-midi. Toute la population avait tenu à s’associer à cette belle manifestation et c’est devant une tasse d’excellent thé ou un verre de vin que chacun put écouter les nombreuses productions et les discours tout en savourant d’excellentes pâtisseries.
Acclamé, M. Chevalley, syndic, monte à la tribune el souhaite à tous une cordiale bienvenue. Il désigne comme major de table M. René Wagnière, municipal, qui s’acquittera à merveille de ses délicates fonctions. On n’est pas sergent-major pour des prunes ! Aussi les enfants furent-ils vraiment d’une sagesse exemplaire durant les trois heures que dura celle partie officielle.
Après l’exécution du Cantique 2 accompagné par la fanfare et une courte prière, M. le pasteur Gaillard donne lecture du chap. 1 de l’Epître aux Ephésiens. Il dit ensuite combien il est heureux qu’on ait placé cette belle manifestation sous le regard de Dieu. S’adressant aux enfants des écoles M. le pasteur leur conte l’histoire de cette fille de roi, belle et intelligente dont le père avait décidé le mariage avec celui qui la battrait à la course. Un prétendant, mieux avisé que les autres, réussit à distraire — par des pommes d’or lancées sur la piste — celle qu’il battit et devint ainsi sa femme.
Dans sa course, elle avait perdu de vue le but. Et c’est sur ce thème que M. le pasteur rappelle le but de l’école, de l’instruction, de l’éducation qui avec la conscience et la sagesse que donne l’Evangile procurent à chacun la force de caractère et la grandeur d’âme nécessaires pour atteindre le but final.
L’assistance chante la Prière patriotique, puis après la prière et deux morceaux particulièrement bien exécutés par la fanfare nous avons le plaisir d’entendre le Chœur d’hommes qui chante, sous la di rection de M. Ziegenhagen, le Chant national, de feu Ed. Moudon.
M. Chevalley, syndic, salue les invités puis fait part de la grande joie de tous en cette journée qui est la consécration du travail. Après avoir rappelé les divergences d’opinion et l’abondance des discussions au sujet du collège, il constate que tout est pour le mieux. Il rappelle l’aide financière apportée par l’Etat et adresse de chaleureux remerciements à tous : architecte, entrepreneurs, voisins du collège, ainsi qu’à la population toute entière.
La fanfare souligne d’un vigoureux pas redoublé les paroles du représentant de l’autorité exécutive d’Orzens.
M. Buxel apporte les félicitations du département pour l’œuvre importante qui a été accomplie et constate que si la situation est difficile, les sacrifices consentis sont d’autant plus méritoires. Tel qu’il est actuellement, doté de tout le confort, on ne doit avoir aucun regret pour le vieux bâtiment qui subsiste du reste, mais tout habillé de neuf. S’adressant aux enfants il leur dit : « Vous avez contracté une dette qui doit être remboursée en faisant tout votre devoir, en vous rendant dignes de tout ce qui a été fait pour vous. »
M. Buxel félicite encore l’architecte qui a su tirer le meilleur parti possible de la situation.
Dans une improvisation pleine d’esprit, M. l’inspecteur Laurent constate que tout dans ce collège est parfaitement bien réussi, même un certain passe-plats qui, s’il n’avait été la cage des contre-poids de l’horloge eût permis à l’instituteur de prendre ses dix heures en classe ! L’orateur rappelle aux enfants qu’il ne suffit pas d’un beau collège pour s’instruire mais que l’application et l’effort soutenus, le travail à la maison sont nécessaires. S’adressant aux parents, il constate que si les autorités, l’église et l’école s’entendent toujours, il n’en est pas de même entre l’école et la famille. Il fait appel à la collaboration des parents pour la bonne marche de l’école qui ne peut pas tout, quant à l’éducation.
La fanfare, infatigable, se fait entendre à nouveau et les élèves de la 1re classe exécutent Musette.
M. Bron, préfet, rappelle que si le soleil n’est pas de la fête c’est qu’on a voulu préserver ces messieurs de Lausanne d’une trop abondante poussière ! Il dit sa joie d’être au milieu de la population d’Orzens et d’avoir pu constater les magnifiques transformations qui ont été apportées au bâtiment d’école. Il lance un appel chaleureux pour l’union et la fraternité qui permettent d’arriver à tout. Il demande à tous de soutenir l’école et l’église, de fréquenter le culte afin de lutter contre le déséquilibre moral qu’on rencontre trop souvent. L’orateur termine en formant des vœux de prospérité pour la commune d’Orzens.
Toute l’assistance chante debout Vaudois un nouveau jour se lève.
C’est au tour de M. le président de la Commission scolaire de prendre la parole. Son magnifique discours mériterait d’être cité « in-extenso » pour sa haute tenue morale et littéraire. Il s’adresse particulièrement aux enfants : « Le bonheur que vous avez de pouvoir travailler maintenant à plein rendement vous crée un engagement d’honneur envers votre pays, envers votre village et envers vous-mêmes. Voire reconnaissance à tous el particulièrement à vos maîtres qui se consacrent fidèlement à cette œuvre si importante de la formation intellectuelle et morale de notre jeunesse ne pourrait être mieux témoignée qu’en écoutant les leçons avec la plus grande attention et en travaillant avec application. Les efforts que vous ferez seront du reste largement récompensés ; ils vous vaudront les plus nobles joies qui soient et que rien au monde ne saurait vous enlever. Travaillez dur sans relâche à votre formation et à votre perfectionnement intellectuel et par là même à votre perfectionnement moral. »
Encore un chœur des enfants et M. le députe Chevalley rappelle que le bâtiment dont on fêle la transformation a été construit en 1828. « Adressons une pensée de reconnaissance à ceux qui prirent l’initiative de l’édification de cette maison. La construction de celle-ci fut considérée comme un grand événement à cette époque. On venait voir le collège d’Orzens de toute la région.
Consacrons une pensée aux trois éducateurs de l’enfance qui déployèrent leur féconde activité au collège d’Orzens. Il est peu de localités vaudoises qui n’auront vu que trois instituteurs se succéder dans l’espace d’un siècle. On peut dire que ce fait est autant à l’honneur de la population et du caractère de ses enfants qu’à celui du corps enseignant. » M. Chevalley évoque la mémoire de son père, le régent Chevalley et rend hommage à M. Bolomey ainsi qu’à Mlle Pahud. Il termine en remerciant tous ceux qui se sont dévoués et ont montré de l’intérêt pour la noble cause de l’instruction.
Un morceau de fanfare et un chant du Chœur d’hommes précèdent le discours de M. le président du Conseil général qui fait l’historique de la question du collège et rappelle qu’après plus de deux ans de discussions c’est dans la séance du 27 mars 1933 que par 25 voix contre 15 le projet fut voté. Il adresse encore des remerciements à tous. Le sacrifice consenti est tout à l’honneur du village.
Prennent encore la parole MM. Bolomey, instituteur retraité, Oberhaensli, architecte, et Montandon qui parle au nom des entrepreneurs. La partie officielle est terminée et l’on aménage le battoir pour le plus grand plaisir de la jeunesse qui organise un bal.
Nous ne saurions terminer ce compte rendu sans remercier très cordialement les autorités d’Orzens pour leur aimable invitation et particulièrement M. le syndic pour toute la gentillesse dont il a fait preuve à notre égard.
P. A.